Le fabricant marocain de batteries Almabat s’est fait un nom sur le plan national et international par la qualité de ses produits et surtout par son respect de l’homme, de l’environnement, ainsi que du vrai « Made in Morocco ». Pas si facile ! Rencontre sur Automechanika Istanbul avec Saïd Bamouss, Responsable Développement & Responsable Commercial Export Batteries et Fayçal Zerhouni, Industrial and Sales Manager, ALMA / SAMAB.
Sur le pavillon Marocain d’Automechanika Istanbul organisé par l’AMDIE, Almabat recevait nombre de visiteurs venus de pays très différents, pourtant les managers exprimaient une légère déception en comparant avec leurs résultats de la précédente édition : « Nous avons recensé l’an dernier – en octobre – une quarantaine de clients potentiels et avons à ce jour transformé 6 d’entre eux en clients. C’était une belle édition et aujourd’hui, nous n’avons recensé que treize contacts à un moment où, l’an dernier, nous n’aurions pas pu tous les recevoir ! Mais nous sommes plutôt satisfaits de ce salon qui se révèle très porteur pour nous de même que Dubaï que nous mettons en seconde position, surtout avec les grands comptes, puis il y a Francfort et enfin Paris qui, pour nous, semble sur le déclin. Paradoxalement, le succès que nous avons ici nous force à être prudents pour préserver nos clients existants parce que beaucoup de visiteurs professionnels souhaitent obtenir la carte. Et nous ne voulons ni ennuyer nos clients existants, ni nuire aux marges qui souffriraient d’une concurrence exacerbée. »
Usine certifiée, plomb recyclé, nouvelles technologies
Lorsqu’on découvre les certifications dont dispose le site de production et celui du recyclage, on croirait à une collection. En fait, Almabat effectue 50 % de ses ventes à l’export et livre en première monte des constructeurs comme PSA – Stellantis en OES, d’autres fournisseurs, Opel et Motrio Maroc… des clients qui obligent à une conformité aux normes internationales comme l’IATF, ISO 9001 et 14 001, RSE, Salamatouna pour ne citer que celles-ci. « Nous sommes leaders sur le marché marocain, fabriquons pour la première monte et surtout nous privilégions l’intégration verticale, ce qui exige encore plus de contrôles qualité de notre part mais est source de fierté pour nous. En effet, nous atteignons les 80 % d’intégration locale, ce qui est énorme ! Cela provient du fait que nous recyclons le plomb, que nous récupérons les batteries. Notre Policy respecte l’homme, c’est une priorité du groupe, c’est pourquoi également nous sommes RSE et que nous accordons autant d’importance à la recyclabilité des matériaux et à la longévité des produits. Nous avons reçu toutes les autorisations du ministère pour le recyclage du plomb et aussi pour le transport des matières dangereuses. Nous ne voulons rien laisser au hasard pour respecter l’environnement. Ce qui nous distingue des concurrents, c’est que nous avons construit notre savoir-faire qui ne vient pas d’ailleurs. C’est une force parce que cela nous procure une grande souplesse pour passer d’une technologie à une autre. Nous sommes ainsi en train de passer de l’ESB à l’AGM et étudions les batteries pour véhicules électriques tout en couvrons le marché marocain de batteries traditionnelles qui sont les plus demandées ».
Vendre du service, plus que du produit
« Nous ne vendons pas de produits mais du service » assène Saïd Bamouss et « notre valeur ajoutée repose sur l’être humain et sur un fort engagement de nos employés. Nos clients font confiance à un management stable, à la disponibilité du personnel et au service de proximité. Notre engagement consiste à satisfaire les besoins du client et dès qu’il y a des interrogations on en parle. L’augmentation des prix des matières premières et leurs répercussions sur le prix de vente, on en parle aux clients. Nous sommes marocains et nous parlons de choses simples sans essayer d’embrouiller nos interlocuteurs. De la même façon, nous préférons que les clients aillent chez les fabricants marocains et s’il le faut chez nos confrères marocains, plutôt que d’importer des produits à l’international. Nous sommes trois, il y a de l’offre ! »
Un vœu…
La Made in Morocco a un prix. Celui qui est conditionné par les coûts des matières premières importées. Si les coûts augmentent, le prix de revient de la batterie marocaine restera élevé et les batteries importées profiteront de ce différentiel de prix. Ainsi ce qui se passe avec la taxe environnementale imposée sur les batteries de 50 centimes sur chaque batterie : « les importateurs ont fait venir beaucoup de batteries l’an dernier et il leur reste des stocks importants alors que la taxe sur les batteries vient de passer (Taxe Interne Sur Consommation). En clair, nos ventes vont chuter parce que les batteries importées stockées vont être disponibles avec moins 50 c HT tout simplement ! Et les subventions ne compensent pas. Ce que nous demandons à l’Etat, c’est qu’il protège l’environnement et aussi l’industrie nationale en nous permettant d’importer les batteries usagées comme le font la Tunisie, l’Inde, ou la Chine. Cela nous permettrait de récupérer le plomb, la principale matière première et le plus en butte aux hausses des prix. Face à l’importation des produits étrangers à bas prix, nous sommes plutôt positifs, en ce sens que cela nous aide à progresser, à travailler nos coûts de revient pour être plus compétitifs par rapport aux produits d’importations. Nous savons comment réagir en développant le chiffre d’affaires d’une part en augmentant nos parts de marché en première monte donc les volumes et en travaillant encore sur l’amélioration des process de fabrication. Nous avons le soutien de l’Etat, mais il nous faut aussi savoir relever les défis. Aussi, ne sommes-nous pas trop exigeants en demandant le droit d’importer les batteries usagées. » Message transmis. Hervé Daigueperce
