Samir Saïd, Ministre de l’Economie et de la planification répond à Rechange Maghreb

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Lors du Tunisia Investment Forum, organisée par la FIPA, le Ministre de l’Economie et de la Planification tunisien a accepté de recevoir Rechange Maghreb et de lui accorder une interview exclusive. Nous vous en livrons un court extrait, la totalité de l’entretien étant à retrouver dans Rechange Maghreb de juillet ! 

Parmi les participants au forum, l’un d’eux confiait à son voisin « les investisseurs ne viennent pas naturellement, il faut aller les chercher ». Est-ce la raison de votre mobilisation aujourd’hui et de la venue massive des membres du gouvernement ? 

Sortir de la crise est notre objectif et pour cela il faut de la croissance qui est le moteur du développement. Nous sommes passés par plusieurs chocs successifs externes après une décade de relative stagnation qui a suivi la révolution. Un phénomène assez normal au niveau économique après de grands changements qu’entraîne une révolution. Nous avons été touchés par la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine alors que nous étions un peu fragilisés par cet impact de la révolution. Mais je veux aussi regarder le côté positif : nous sommes en train de faire un premier pas de maturité démocratique et c’est un acquis immense pour le peuple tunisien. Même s’il y a un coût au début, il sera suivi de dividendes certains. Le peuple tunisien a été ébranlé par ce triple choc et nous réalisons qu’un sursaut s’avère capital. Lorsque nous avons engagé une discussion avec le secteur privé pour déterminer quels étaient les moyens d’améliorer la situation, nous avons constaté une volonté très forte de la part du gouvernement et du secteur de travailler ensemble pour reconquérir – comme je l’ai indiqué en titre de la conférence – la place privilégiée de la Tunisie comme terre d’investissements, qui est une tradition de notre pays. Nous avons, depuis 1972, une loi libérale qui a favorisé l’investissement privé, l’entreprenariat, le développement de l’entreprise. 50 ans après, nous devons impulser un deuxième sursaut pour remettre le pays sur une trajectoire de prospérité.

Vous évoquiez la crise sanitaire, la guerre en Ukraine dont les conséquences, paradoxalement pourraient devenir une opportunité pour les pays de la Méditerranée en vue d’une relocalisation d’une industrie dans la grande région Europe/Pays d’Afrique du nord qui profiterait aux deux ?

L’opportunité est réelle. En ce moment, nous sommes en discussion avec de nombreux opérateurs économiques qui sont intéressés par cette opportunité. Pour qui est-elle intéressante et réelle ? Il y a actuellement un arbitrage entre deux extrêmes. Aujourd’hui, on peut s’approvisionner auprès de régions lointaines mais qui sont à risque ; cela coûte moins cher mais c’est plus risqué. L’autre possibilité, c’est relocaliser sur le sol européen. C’est plus sûr, mais c’est plus cher. Cependant, les opérateurs économiques reviennent toujours à la réalité du marché et à la compétitivité. S’ils ne choisissent pas une solution compétitive, d’autres la feront à leur place. Dans cette perspective de reconfiguration de l’échelle de valeurs mondiale, la Tunisie est bien positionnée pour le nearshoring parce que nous sommes à moins de trois heures des grandes capitales européennes, et même par ce qu’on aime appeler le friendshoring parce que nous nous considérons comme les amis des européens. Et nous avons du talent, des compétences, des ingénieurs, des scientifiques comme l’indique notre très bonne place de deuxième pays au monde en termes de production de chercheurs et de scientifiques rapportés à la population. Or c’est le facteur humain qui limite aujourd’hui le développement des marchés matures, qui manquent d’ingénieurs, d’informaticiens, de scientifiques pour accompagner cette économie de savoir. C’est là que réside l’atout majeur de la Tunisie, notre pays a cette matière grise qui nous permet aujourd’hui de dire que nous avons les moyens de nouer des partenariats gagnant gagnant qui peuvent aider la société européenne à faire du nearshoring de manière compétitive en s’appuyant sur ces talents.  

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.maghreb-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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