Paradant avec 400 000 visiteurs, le Mondial de l’Auto veut faire croire à une réussite et promet une autre édition dans deux ans, fort de mantras ressemblant à s’y méprendre à l’autosuggestion de la méthode Coué. Quid de la déception engendrée par le manque cruel de véhicules nouveaux, de propositions des constructeurs européens, à l’exception de quelques modèles de Stellantis et de ceux de Renault ? Que répondre à ceux qui ont emmené leurs enfants voir des bolides de rêves et qui n’ont eu affaire qu’à des prises et à des bornes ? Que suggérer à tous ses apprentis mécanos, vendeurs, futurs concessionnaires pour les convaincre que le monde de la voiture présente de grands atouts pour l’avenir face à un vide si abyssal ?
Certes, 400 000 visiteurs, ce n’est pas rien, mais s’il y a autant de déçus, cela ne répondra pas aux exigences d’un prochain salon et l’on peut se demander quels sont les responsables de cette mascarade. Si les professionnels ont bien compris que les grands salons de l’auto ne séduisent plus ceux qui les faisaient vivre à coups de spectacles autour de voitures de tous les jours ou exceptionnelles, ceux qui sont à la manœuvre se devaient d’anticiper leur absence et leur proposer autre chose qui puisse les séduire et s’en faire des alliés. Après avoir jeté déjà une fois l’éponge, l’organisateur aurait dû comprendre les messages… Le précédent commissaire du salon, – qui s’y connaissait – avait coutume de dire que la première voiture qu’un automobiliste venait voir, c’était la sienne. L’en priver, c’était le rabattre sur d’autres choix. Mais pas là. Car de choix, il n’y a en avait plus. Les constructeurs chinois ont fait la différence remplaçant les allemands, un franco marocain a fait le plaisir des partisans de l’hydrogène de même que Hopium, premier constructeur français à offrir une voiture de luxe 100 % hydrogène, Renault a joué la carte des revivals et des concepts et Stellantis a présenté quelques modèles. Les solutions de mobilité ont peut-être plu à certains mais la plupart venaient pour le salon de l’auto et dans salon de l’auto ; il y a auto…
A noter que laisser la place aux constructeurs asiatiques ne va pas dans le sens de la stratégie mondiale de se désengager de la dépendance aux bas coûts et produits de cette région. Sur la centaine de constructeurs chinois, plusieurs s’en sortent maintenant plutôt bien et représentent une concurrence très sérieuse quoi qu’on en dise. Si, en plus, on favorise leur montée en puissance pour mieux conquérir nos territoires, ils n’en feront que mieux et, eux, sauront offrir le spectacle si le client le veut. Un haut fonctionnaire ne disait-il pas que la Chine n’avait pas d’ennemis, elle n’avait que des clients. A méditer…
La déception, donc, a fait place au désarroi, et l’on se pose la question de la pertinence des choix des organisateurs et de leur connaissance du monde de l’automobile, de ses passionnés, de ses afficionados. Y avait-il un pilote « automobile » aux commandes ou seulement des spécialistes de la finance ? On s’interroge aussi sur la question de leurs tarifs, à commencer par l’entrée payante au rapport qualité prix déroutant, en passant par les produits de boutique encore plus inaccessibles et on hallucine encore devant le prix demandé pour assister en « VIP » à la première journée du salon. La copie est incontestablement à revoir pour réussir à redonner vie à un salon moribond, à faire ressurgir la passion, à renouer avec la joie. Le Mondial doit être une fête avec ou sans constructeurs. Peut-être que la voie nouvelle sera celle de la distribution. A moins que déjà, ce ne soit le Salon de l’Auto de Lyon qui remplacera celui qu’on appelait un Mondial.
